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 Platon |
 # 1 ≡ Des chevaux et des hommes dans les arènes |
Groupe I
1581 posts depuis
le 20/2/2007
De : La Vienne (86)
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Il était une fois ...... et ils eurent beaucoup de bonheur.
Dans les points de suspension, on imagine le petit éleveur chanceux, qui passe à côté d'une pouliche et là , coup de foudre, il l'achète, la fait courir avec succès et la rentre au haras pour créer un élevage.
Une histoire pareille ça existe, mais c'est rare. (Ce fut le cas pour La Lagune, Prix de Diane). Généralement, cette réalisation est beaucoup plus douloureuse et longue.
Ces lignes s'adressent aux futurs éleveurs tentés par la fabuleuse aventure.
Ce choix est celui de la passion et aussi celui de la forte implication personnelle. Si forte que toute la vie est scandée par les soins à donner aux chevaux. A l'intérieur du "bocal", plus rien d'autre n'existe. Jour après jour, les soins les plus méticuleux, les plus recherchés sont "affectueusement" dispensés comme s'ils étaient donnés à soi-même. Cela dure, dure de 2 à 4 ans en se persuadant quotidiennement que, la merveille que l'on chérit tant est exceptionnelle.
Pour se rassurer, et pour éviter de s'illusionner de trop (quand même), on montre l'objet de sa propre satisfaction à tous ceux qui peuvent émettre un avis : et là, c'est l'extase ! Vraiment, ce magnifique poulain est le plus beau et tous les amis le confirment depuis qu'il est né. cette pensée s'installe de plus en plus profondément en soi à tel point que son soigneur en éprouve les effets de l'endorphine (hormone sécrétée notamment par les personnes "amoureuses").
Tout va bien, les ventes approchent, la merveille est de plus en plus belle !
Un an d'attente au prêt de la jument plus un an et demi d'attention quotidienne pour le poulain, voici presque 3 ans de soins "intensifs". Les longues journées de juillet laissent le temps nécessaire aux dernières retouches indispensables.
Premier lever de rideau : les ventes.
La fatigue se faisant sentir, la pression commençant à retomber, le doute s'installe. Les regards portés par les acheteurs et les curieux rappellent ceux des prédateurs sur leurs proies. En l'absence des regards admirateurs des amis, la satisfaction de la journée s'évalue selon le nombre de visites et de présentations sans oublier les regards de tel ou tel entraîneur de renom.
Enfin, comme une délivrance, le fruit de toutes nos attentions, à la queue leu-leu, pénètre le ring. Quelques cris, au milieu d'un brouhaha persistant puis subitement, le coup sec du marteau. Une illusion de silence envahit le vendeur qui se demande encore si la vente est faite, il n'a pas bien vu, pas bien entendu et cependant, c'est fini. Il cherche son poulain dehors, le retrouve flanqué d'un numéro collé sur la croupe. A cet instant, il réalise que les qualificatifs amicaux n'étaient pas de circonstance, que les visiteurs n'étaient pas des acheteurs, que la merveille de la maison ne l'était plus aux ventes, que tous ses efforts ne sont pas bien récompensés .......
Deuxième lever de rideau : les courses.
" Oui, oui, il va bien, il fait ce qu'on lui demande."
Le cœur gonflé d'espérances, on raccroche le combiné téléphonique en se disant que si l'entraîneur est content, c'est un très bon point.
Ainsi, passe l'hiver, en formulant des vœux émaillés de contacts téléphoniques. Tout va bien, "ils sont satisfaits du cheval".
Et subitement, au printemps finissant, dans une interminable liste de noms n'ayant pas plus de sens qu'un poème de Prévert, le poulain triomphe. Ça y est, il va courir. La semaine passe vite et le jour de la course est là. Les trois-quart des concurrents ont disparus, la petite merveille est toujours présente, en lieu et place de favori. Les ragots d'écuries et les éloges gratuites vont bon train. Tout le monde cherche le futur gagnant de la course, tous les prétextes sont bons pour glorifier le porteur d'illusions. Les journalistes sortent leur vocabulaire de circonstance, "grand", "beau poil", "plaisant", "joli", "bien fait", "puissant", etc. La fièvre monte et partent les poulains vers les boites. Le temps semble interminable lorsque retentit la sonnerie donnant le départ. Une voix "off" donne les places des poulains comme on effeuille une marguerite et puis, à mi-parcours, l'angoisse est à son comble et tous les espoirs sont permis. A la sortie de ce long et grand virage, dans les jumelles embuées, la casaque surgit. Les chevaux s'équilibrent attendent encore quelques mètres et c'est parti. Surprise, les attentistes remontent, les animateurs s'évanouissent, les lutteurs entrent en scène. Dans un vacarme assourdissant, un poulain apparaît et file au poteau.
Les héros pressentis sont vite oubliés ; le lauréat, ignoré quelques minutes plutôt est maintenant la vedette. Chacun récupère son compagnon de travail, le cœur plus ou moins gros, plus ou moins humilié car, dans ce cruel jeu, le travail n'est pas toujours récompensé. C'est ainsi qu'en l'espace de 3 minutes, le travail de trois ans disparaît comme un de ces vieux chênes centenaires que 5 minutes d'acharnement écrouleront.
Qui sait, au prix de quoi, tel ou tel autre est aujourd'hui sur le champ de courses ?
Dans les arènes, les gladiateurs n'ont d'intérêt que pour leur victoire et les spectateurs pour cela sont prêts à répudier leurs idôles car un second est un battu. Honni soit le travail bien fait, l'engagement personnel si la victoire ne couronne pas.
Seuls la Passion et l'Acharnement permettent de surmonter de telles épreuves.
L'élevage de chevaux, aussi, est un sport.
Platon : Blog: Les petits éleveurs de PS
Site collection équestre : www.psreditions.com
"Le bruit ne fait pas de bien ; le bien, pas de bruit." |
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| 18.06.07 - 20:01 |
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| Anonyme |
# 3 ≡ Re: Des chevaux et des hommes dans les arènes |
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Je dis bravo pour ce beau texte (plaisant et plein de vécu!).  |
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| 19.06.07 - 22:43 |
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Des chevaux et des hommes dans les arènes
