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 slipin |
 # 1 ≡ bel article pour ceux auxquels on ne pense pas toujours |
Groupe I
4999 posts depuis
le 22/12/2004
De : 61
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jockeys en état de choc…
27 juin 2011 | Auteur: Laurent Gérard
JOCKEYS EN ETAT DE CHOCS
A Boris, Jean Luc, Alexis, et les autres…
Que peut-il bien se passer dans la tête d’un jockey accidenté ?
Le 17 avril dernier, à Auteuil, à la dernière haie, le destin a décidé de me laisser un peu de temps pour vous répondre.
Oh amis turfistes, vous avez probablement hurlé lorsque, le pilote en selle sur votre numéro, a soudainement sauté de votre ticket, mais rassurez vous, il n’a nullement fait exprès de ne pas penser à vous….
Par contre, au pied de la haie, nous jouons aux égoïstes lorsque nous ne pensons qu’à nous et à nos douleurs terribles qui nous laissent parfois au sol.
Nous devinons rapidement la gravité de la chute. Notre frustration et déception n’est provoquée ni par la défaite ni par une erreur mais simplement par un voyage en ambulance, sans passer par la case vestiaire.
Notre confiance accordée envers notre cher partenaire change soudainement de mains. Les rênes vont être tenues par les différentes équipes médicales dont on espère la plus haute performance dans leur brillante carrière. Le verdict tombe et, comme par hasard, nous sommes envahis d’un doute sur les compétences de toutes ces casaques blanches. On les trouve médiocres au motif qu’elles ne réussissent pas à remettre sur pieds un jockey qui doit respecter ses engagements du lendemain.
A l’hôpital, avec beaucoup d’humilité nous montons de mauvaises courses d’attente. Dire qu’on se croyait indispensables. On apprend lentement …mais on vous oublie plus rapidement. On s’aperçoit que l’institution des courses avance toujours avec ou sans nous. Si les proverbes « Qui va à la chasse perd sa place » et « Le malheur des uns fait le bonheur des autres » font une entrée dévastatrice moralement, certains n’hésitent pas à transformer le destin en poisse.
Il y aura toujours des optimistes et des pessimistes, des battants et des moins percutants. Personnellement je me range dans la première catégorie, celle qui vous aide à avancer et voir au loin.
Après quelques jours en formule « tout inclus » nous sommes heureux de rentrer chez nous dans nos cocons familiaux et amicaux. De plus si les infirmières sont très sympathiques pour nous regonfler mentalement, la mienne reste forcément la meilleure. Il est alors évident que nos heures de vol…..planés nous aident à encaisser les chocs et les douleurs. La seule qui persiste, cependant, reste bien la compétition qui s’éloigne.
Frustrés de sombrer dans cette inactivité inhabituelle, nous la vivons finalement comme une punition infligée par notre propre métier…. dur quand même !
Physiquement diminué, médicalement non autorisé à bouger, vous sentez, semaine après semaine, que vos muscles fondent comme du beurre et que votre corps s’engraisse avec…. La forme s’effrite progressivement et les barreaux de l’échelle défilent malheureusement dans le mauvais sens.
Histoire de passer le temps, votre meilleure amie devient la chaine Equidia, parfois sans le son pour souffrir un peu moins……Vous devenez envieux de vos collègues et bizarrement, même de ceux qui arrivent les derniers.
Alors oui, ce métier est risqué mais notre passion se place au dessus de ce danger toujours présent. On l’aime sans aucun doute, avec ses règles, et le jeu en vaut la chandelle quand la forme nous ouvre les bonnes portes au bon moment.
Malheureusement les chutes à répétition laissent des traces. Si on les oublie peu à peu, elles ne manqueront pas de surgir, dans quelques années, pour nous rappeler qu’elles ont bien existé un jour.
J’ai toujours pensé que la discipline de l’obstacle usait ses acteurs dans le temps, aussi bien l’homme que l’animal d’ailleurs. Ma conscience professionnelle, mon expérience et le choix de mes partenaires ne m’ont pas épargné des accidents :
Pied, tibia-péroné, côtes, clavicules, vertèbres, cheville, main, nez, mâchoires, trauma crânien, pneumothorax…Alouette que me plumeras tu encore ?
Dans notre sport, du talentueux au moins doué, de l’expérimenté au débutant, vedette ou pas, l’accident n’épargne personne. Si l’union fait la force, je remercie déjà les propriétaires et entraineurs qui nous redonnent la jambe avec plaisirs pour des reprises parfois difficiles. Avec des longueurs d’avance, j’ai toujours préféré l’humain à l’euro
Mes amis, je le sais, nous n’aimons pas être plaints, juste un peu de respect et de considération pour nous aider à retrouver nos ailes………mais enfin s’arrêter de voler.
Du sport, de l’envie, de la motivation, du courage, de la persévérance et des amis
Bon rétablissement à nous tous !
C'est ce qui manque qui donne la raison d'être.
https://www.facebook.com/pages/Haras-de-la-Melleti%C3%A8re/143194592368871 |
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| 30.06.11 - 13:13 |
 
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| Anonyme |
# 3 ≡ Re: bel article pour ceux auxquels on ne pense pas toujours |
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Vraiment très bien écrit, tellement juste, et empreint de beaucoup d'émotion.
Un beau moment d'écriture, merci de l'avoir posté Slipin. |
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| 30.06.11 - 13:25 |
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| Anonyme |
# 6 ≡ Re: bel article pour ceux auxquels on ne pense pas toujours |
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| 30.06.11 - 15:35 |
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| Anonyme |
# 10 ≡ Re: bel article pour ceux auxquels on ne pense pas toujours |
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| Quelle plume! merci slipin de nous l'avoir retranscrit |
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| 30.06.11 - 21:35 |
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bel article pour ceux auxquels on ne pense pas toujours
