Groupe I
1591 posts depuis le 4/8/2004 De : R.P
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A l’heure où l’on évoque le démantèlement de la maison grise et rose, par bloc compact ou brique par brique, je me souviens d’un après-midi pluvieux d’avril. J’avais croisé Jean-Luc Lagardère sous les tribunes de Longchamp.
Ce n’était pas la première fois que je le rencontrais. La première rencontre était beaucoup plus formelle. C’était à Levallois, Groupe Hachette. Visite impromptue à la Rédaction. Tout le monde le doigt sur la couture. Il était entouré de ses conseillers. Le genre capitaine de presse et d’industrie old school. Le genre décrit (et décrié) dans les productions 70 avec Belmondo et Delon.
Et bien ce jour là, c’est à dire trois mois après, à Longchamp, Lagardère avançait seul sous les tribunes. Il venait de gagner avec un de ses Linamix une petite course D des familles. J’ai oublié la course, le nom du cheval. Grisaillemix, un truc comme ça, je le trouvais pas très beau, il débutait, je ne l’avais pas joué…
Je n’ai pas oublié et je n'oublierai jamais la performance réalisé, ce jour là, par le capitaine de presse et d’industrie. Il se déplaçait vite d’une foulée rasante comme certains trotteurs suédois qu’identifiera Seattleslew. Arrivé à ma hauteur et me dépassant bientôt, je lui assène, mauvais perdant-mauvais esprit : « Ce n’est pas Sagamix, tout de même !!! ». Il n’a rien dit, m’a largué avec ses courtes jambes, me prenant vite trois longueurs. Et à ce moment là, en guise de réponse, il me gratifia, mais oui, vous ne me croirez pas, d’un petit pas chassé. Si, si…
Je l’avais vu trois mois plus tôt, mais visiblement on aurait dit qu’il avait par ce seul geste effacé une soixante d’années à son compteur. Cette façon de me dire « nanananèreuh !!! ».
On me dit que si, mais je ne saurais dire si Jean-Luc Lagardère était quelqu’un de sympathique, passées les urbanités d’usage. Ce que je sais, c’est qu’il était parfois un petit garçon. Emouvant, non? |
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