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PEINTRECELEBRE |
# 1 ≡ Arc 2003 : un crack, des hommes et un traître |
Course A
121 posts depuis le 9/9/2003
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Une bien belle course nous a été offerte en ce premier dimanche d'octobre.Elle consacre des hommes et un cheval, Dalakhani dont la victoire ne souffre d'aucune contestation. Son classicisme nous renvoie aux heures glorieuses des Sea Bird et autres Right Royal, vainqueurs sur 1600mètres, champions à 2 ans puis classiques. Sa capacité à tenir le choc toute la saison ( 6 courses, 3 Groupes1), dans tous les terrains fait de lui un cheval d'exception.Rares sont les pur sang à avoir réussi une telle gageure au cours du dernier quart de siècle. Petit retour en arrière : seul Dancing Brave avec 7 courses et 4 groupes1 dont trois intergénérations, afait mieux que tout le monde remportant les 2000 guinées, les Eclipse St., les King George et l'Arc.D'autres ont confirmé leur statut dans l'Arc: Suave Dancer, Peintre Célèbre, Lammtarra,Sinndar,Helissio Montjeu mais leurs exploits les avaient confinés sur 2000mètres et plus, sur des programmes moins éprouvants pour la plupart d'entre eux. ( Helissio tenta de remporter le Moulin. La beauté sportive de la tentative fut à la mesure de l'ineptie d'une telle préparation à l'Arc) Et combien, qui avaient dominé leurs générations, sont tombés au champ d'honneur : les Reference Point, Generous, St Jovite etc...
Ou situer Dalakhani dans cette constellation de champions? Difficile à dire...On a pu lire dans les colonnes du Turf un article intitulé "Dalakhani et le témoin récalcitrant". L'observateur des plus avertis qu'est P.Laporte posait légitimement la question de la présence de Mubtaker à3/4L du champion. Mon avis est que cette présence ne saurait en aucun cas dévaloriser la performance de Dalakhani. Mais elle l'empêche simplement de rentrer dans le cercle fermé des plus grands,Dancing Brave et Peintre Célèbre, car ceux-ci doivent leur place à deux facteurs intangibles qui conduisent au panthéon des pur sang: le style de leur victoire et la qualité de l'opposition. Sans Mubtaker, il est évident que Dalakhani se rapprocherait sensiblement voire atteindrait ces chevaux d'exception. Un autre élément contrevient cependant à l'entrée de Dalkhani dans ce panthéon aussi virtuel que personnel. A l'inverse de Dancing Brave qui avait infirmé le résultat d'Epsom en dominant deux fois Shahrastani et mis à genoux les meilleurs de plusieurs générations dans l'Arc, Dalakhani ne peut se prévaloir d'une indiscutable supériorité sur son compagnon de couleurs, Alamshar, même si bon nombre d'observateurs confèrent à sa défaite un caractère annexe et largement excusable. Mais ils ne se seront rencontrés qu'une fois, et il faut se résoudre à admettre que la question de la suprématie ne sera jamais tranchée ou s'en remettre au consensus partial des sportsmen français.J'en reviens ici à la monte de Soumillon et à l'opportunité de laisser un champion,favori de surcroît, "tranquille" dans un Derby...
Dalakhani n'a finalement pas été servi par le sort: fallait-il que son tombeur soit un Aga Khan (on n'est jamais trahi que par les siens) et que son dauphin soit un vieux routier de 6ans inconnu du public (même avisé) à ce niveau. Ce dernier point pose la question du caractère hautement relatif de toutes ces considérations : un chavel dur, de 6ans,simplement de bon niveau et économisé peut-il être meilleur qu'un double lauréat de Derby, lui aussi mur et apparemment en forme? Si la réponse est oui, que de choses remises en question, notamment sur l'amélioration de la race...
Que restera t-il de Dalakhani dans la mémoire hippique? Un grand champion,certes, mais indubitablement en dessous des tous meilleurs, les oecuméniques Dancing Brave, Peintre Célèbre. Car contrairement à eux, il n'aura jamais vraiment produit l'étincelle de grande classe, un de ces rares et furtifs moments de sport ou le temps est suspendu à la divine pureté de l'athlète en plein effort ... Alamshar, pauvre diable a été vendu.Finalement, c'est normal : n'est-il pas le mal-aimé, l'empêcheur de tresser des lauriers en rond,celui qu'on envoie au massacre sur 2000 mètres, le pourvoyeur en lignée mâle du sang de Northern Dancer ( via Danzig, l'hérétique du classicisme à l'européenne : avec SINNDAR, le Prince en a assez d'un!) certes abondamment utilisé par l'Aga Khan, mais moins prisé que celui de Mill Reef, qui coule comme un torrent ( pur du sang de l'hégémoniaque canadien) dans les veines du fils de Darshaan, l'étalon de coeur de la maison Khan. Drôle de destin pour un des meilleurs chevaux de ces dernières années...A ce propos, il m'est venu la pensée que que l'Aga Khna avait vendu Alamshar aux japonais bien avant l'annonce de la transaction, moins pour les sacrilèges et les turpitudes évoqués plus haut, que pour financer l'acquisition de l'élevage Leigh.Cet élevage ira finalement paître dans le giron du chèque Mohammed ( il me vient à l'esprit la formule remarquable de Son Altesse à propos des Maktoum qui donnait à peu près ceci : "que voulez vous faire contre des concurrents dont la motivation n'est pas l'argent..." CQFD) Curieusement, les deux nouvelles sont tombées en même temps...
Suivant le fil (diffus) de ces pensées, nous voila naturellement au coeur de l'élevage princier.Penchons nous un peu sur les étalons de Son Altesse et admirons l'extraordianaire degré d'équilibre atteint. Trois étalons descendent en lignée mâle de Never Bend via Mill Reef et trois de Northern Dancer. Les lignées maternelles sont plus diversifiées, mais on y retrouve en pères de mère : Mr Prospector lui-même et son fils Miswaki (x2, bien sûr), Blushing Groom et MillReef (x2) Dans tous les sens, l'équation finale est toujours : vitesse + tenue (= vitesse) = classicisme. Ces dernières années, l'élevage du Prince a connu une réussite exceptionnelle, engendrant nombre de classiques sur toutes les distances.On remarquera le nombre d'éléments stabilisateurs dans les pedigrees qui aboutiront de plus en plus à des chevaux calmes, équilibrés du type de Dalakhani.Notons également dans ces pedigrees la venue tardive de l'éleveur à des souches de vitesse. Peut-être est-ce là, la clé de la réussite: ne pas céder à la mode du moment, patienter, observer...Ainsi en deuxième père de mère le seul élément de vitesse est Riverman ( qui avait de la tenue à revendre), les autres étant des chevaux de tenue (Crystal Palace, Sheshoon, Top Ville etc...) Gageons que l'élevage de l'Aga Khan s'inscrit dans une longue perspective.La décision d'envoyer Dalakhani au haras est celle d'un homme sur de son fait , capable de mettre en retrait l'affect quand l'avenir est en jeu : l'apanage des sages, qui savent qu'en matière d'élevage, la seule constante c'est la vitesse de précarisation.
Parlons un peu des hommes. Alain de Royer Dupré est un excellent entraîneur, tout le monde en convient.La victoire de son protégé consacre son professionalisme, sa mesure et son élégante discrétion.En ce sens, il est le parfait pendant de son pourvoyeur princier, l'Aga Khan dont la constante humilité (jamais feinte) tranche avec l'attitude compassée des uns , la morgue ou la condescendance des autres.
Et le jeune Soumillon?( objet sur ce site d'un étonnant crépage de chignons, digne du marché de Brive La Gaillarde...)Ce jeune garçon est certainement doué (il faut qu'il le soit pour que Fabre et De Royer, lui confient leurs protégés) et intelligent mais sans doute victime de son hypersensibilité . Il lui faudra endiguer la fougue provocatrice de sa jeunesse et modérer son tempérament conflictuel pour durer dans ce métier. Dominique BOEUF a assez payé pour le savoir : les errances de sa jeunesse, un fort tempérament ont failli lui coûter sa carrière. Il n'a dû son salut qu'à une admirable et longue remise en question ( un des combats les plus difficiles de la condition humaine!) au point qu'aujourd'hui on apprécie doublement son humilité et la mesure de ses jugements, quantifiable à l'affection que lui témoigne le public. |
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12.10.03 - 13:32 |
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sendawar |
# 6 ≡ Re: Arc 2003 : un crack, des hommes et un traître |
Course A
112 posts depuis le 19/3/2002 De : Paris
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C'est toujours un jeu dangereux que de comparer les générations. Déjà qu'il est difficile de s'entendre sur la qualité de chevaux que nous voyons se rencontrer (cf Alamshar et Dalakhani)...
Ceci dit, je ne vois pas trop en quoi Mubtaker est un témoin comprometant. Ce cheval a eu des problemes de santé. Et quand il gagne son g2 avant l'arc, il bat Mamool qui est un très bon stayer, et qui a depuis gagné 2 groupes 1 dont le grand prix de Baden Baden. Qui est une grande course trop souvent dévaluée à nos yeux cf Marienbard. Mamool est d'ailleurs le favori chez nos amis les bookies pour la Melbourne Cup. Donc le fait que Mubtaker arrive 2nd prouve que Mubtaker est un très bon cheval, pas que Dalakhani ne mérite pas d'entrer au panthéon. Faut-il rappeler la qualité des chevaux derrière lui ??? Si je te comprends bien, si Mubtaker était non partant, ou finissait dernier, l'estime que tu portes à Dalakhani serait plus grande ? Il est plus noble que high chap finisse 2nd ? Ou alors est-ce un nombre de longueurs pas assez important ? Ca non plus je ne comprends pas. Après le Lupin, beaucoup refusaient d'admettre que Super Celebre (dommage qu'il n'ai pu continuer celui la d'ailleurs) avait été battu largement par un cheval supérieur. Après le Niel, certains disaient que Doyen n'avait pas été si dominé que ca, et pourtant. Sans doute manquait-il Alamshar.
Dalakhani est un très très grand, ce n'est pas non plus Dancing Brave on est d'accord. Mais pour Peintre Celebre, c'est argumentable. Certes il a le record , certes il avait une classe gigantesque. Mais il n'a rien fait à 2 ans, n'a jamais essayé d'aller vaincre en dehors de France (le grand prix de Paris, ce n'est pas non plus les King), et n'a pas gagné sur 1600m. Ni l'un ni l'autre ne sont restés invaincus. La facon dont gagnait Dalakhani était quand meme très impressionante. Prendre son premier coup de cravache pour l'Arc de triomphe, c'est pas mal quand meme.
Dans un passé récent, je pense que Sinndar était un champion hors norme. La manière avec laquelle il revient chercher Sakhee (tient tient ...) dans le derby d'epsom était époustouflante. A la sorite du Tatenham Corner, Sakhee pris la poudre d'escampette, et je croyais sincérement les chances de Sinndar définitivement compromises. Mais Murtagh le lança, puis ... Les 9 puis 8 longueurs qu'il fit afficher lors des Irish Derby et prix Niel en toute décontraction (ce jour là il couru dans la meme temps que la pouliche qui devancait Egyptband dans le Vermeille, entrainée par Lerner, et qui battait pour l'occasion le record du vermeille); enfin l'Arc ou il écrasa les deux pouliches du Diane-Vermeille et Montjeu (tient tient...). Plus que les résultats en eux meme époustouflants quand on sait que Sinndar fut le seul à réaliser le triplé Derbys Epsom-Irish puis l'Arc la même année, la qualité incroyable de Sinndar était qu'il pouvait adopter tous les styles de courses. REvenir de derrière, etre près des leaders, voire leader lui même... Souvenez-vous sa course pendant l'Arc, où son leader manqua complétement son départ. Sinndar menait donc allegrement pendant 300 metres le temps que celui ci revienne en tete. Puis c'est lui qui tirait le peloton. Pour moi, c'est un peu comme s'il avait remporté l'arc "de bout en bout". Dalakhani n'était pas un poulain qui pouvait aller devant. Je crois que ca a joué dans la décision de son entourage de ne pas l'avoir présenté dans la breeders cup, avec le profil très fuyant de l'hippodrome de Santa Anita...
Voilà, donc Dalakhani était incroyable. Et puis finalement, je pense qu'il est vain d'essayer de classer les chevaux. Moi il ne me reste que des souvenirs émus ! Et tout ce blabla représente je pense notre frustration de ne pouvoir admirer les 20 derniers gagnants de l'arc combattre dans une course épique, à la mort, sous nos yeux éblouis.
Course qui aurait été écrasée par Marienbard bien sur |
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14.10.03 - 01:13 |
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SeaBird |
# 7 ≡ Re: Arc 2003 : un crack, des hommes et un traître |
Groupe II
505 posts depuis le 16/9/2002 De : PARIS
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Construisons la légende de DALAKHANI…
Le moins que l’on puisse dire est que l’annonce du retrait de DALAKHANI de la scène du turf pour les joies ( ?) du haras n’a provoqué aucune surprise tant celle-ci était attendue par tous les observateurs de la chose hippique. Pas tant d’ailleurs, comme il a été dit ou écrit, du fait que celui-ci n’avait plus rien à prouver, sinon comment expliquer les carrières des MILL REEF, HELISSIO, MONTJEU, et celle programmée initialement de PEINTRE CELEBRE, que par le fait que le dernier, vainqueur de l’Arc de Triomphe, est devenu désormais le plus célèbre descendant de DARSHAAN aujourd’hui disparu. Mieux ! N’étant pas « infecté » par l’omniprésence des gènes NORTHERN DANCER dans les pedigrees des chevaux classiques, son succès en tant que reproducteur sera très probable et même souhaitable pour assurer la diversité génétique de l’espèce. Cela étant, et puisque « Peintre célèbre » a lancé le sujet, le handicapeur intemporel qu’il m’arrive d’être, se pose lui aussi la question : Où placer DALAKHANI dans la galerie des champions qu’il m’a été donné de connaître soit grosso modo depuis SEA BIRD. Je ne reprendrai pas ici le parfait exposé quasi-historique réalisé par « Peintre célèbre » tant je ne trouve rien à ajouter à son argumentaire. Mais dans ma tentative de classer le sujet je dirais que, personnellement, je l’évalue derrière PEINTRE CELEBRE et SINNDAR juste en dessous de MONTJEU essentiellement d’ailleurs, parce qu’EL CONDOR PASA était de bien meilleurs réputation que MUBTAKER. Quant au valeurs comparées de PEINTRE CELEBRE et SINNDAR, certes mon cher « Sendawar », SINNDAR est peut-être le seul à avoir aligné victorieusement les derbies anglais et irlandais avant son couronnement dans l’Arc mais il ne disposait pas comme PEINTRE CELEBRE de la capacité à changer brutalement d’allure, capacité qui est finalement l’expression la plus aboutie de la qualité demandée à la race et qui est révélatrice de la classe exceptionnelle. Et puis si tu écris qu’il est « dangereux de comparé les générations » il en est tout autant de le faire avec les palmarès*. Ce pour la raison simple qu’ils s’établissent… par différentes générations Plus facile sera de parler de Christophe Soumillon. Ce jeune trublion aux attitudes démonstratives occupe vraiment une place a part dans ce monde conventionnel et empoussiéré qu’est celui du galop. Personnellement je suis plutôt pour et vouloir le tempérer ne semble pas une bonne idée, suite à l’exemple du tennis moderne devenu trop policé, orphelin des John Mac Enroe et consorts et qui ne produit plus que des clones de Pete Sampras où le public non-spécialiste s’ennuie alors c’est lui qu’il faut conquérir. C’est pour celà que je trouve sympathique le « crêpage de chignon » qui s’est développer sur ce site. Celui-ci est l’expression que le personnage ne laisse pas indifférent, même en dehors du microcosme du galop. Tant mieux car depuis la retraite de Saint-Martin aucun jockey n’a vu sa notoriété franchir les portes des hippodromes.
*D’ailleurs qui se souvient de SIR IVOR ? Qui aligna les victoires dans les 2000 guinées, le Derby d’Epsom, le Derby d’Irlande, le Saint Legers de Doncaster avant terminer 2ème de l’Arc à 3 longueurs de VAGUELY NOBLE, qui lui n’avait gagné aucune classiques, pour cause puisqu’on avait « oublié » de l’engager, mais que toute la planète Turf savait être le meilleur cheval européen. |
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14.10.03 - 13:17 |
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PEINTRECELEBRE |
# 8 ≡ Re: Arc 2003 : un crack, des hommes et un traître |
Course A
121 posts depuis le 9/9/2003
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Après l'hallucination collective qui a impliqué le pauvre SOUMILLON dans de sombres bacchanales de surcroit filmées, (la seule chose dont on est sur, c'est qu'il monte bien), revenons à des considérations moins excitantes... Le trotteur n'étant pas ( ou plus ) mon cheval de bataille,hormis pour les grandes occasions, poursuivons le débat engagé ici au lendemain de l'Arc, et lançons d'autres pistes de réflexion en évitant de radoter.
Ne nous méprenons pas, si je place DALAKHANI un peu en dessous de mes deux cracks, il est selon moi de même niveau que SINNDAR. Il restera de toute façon dans les annales comme un cheval d'exception. Mais si en 2004, MUBTAKER et SUPER CELEBRE atteignent un haut niveau, il se pourrait que l'on me convainque que DALAKHANI était bien un des plus grands de l'après guerre . A chacun son panthéon : celui de SENDAWAR me paraît tout à fait recevable, et je n'ai pas d'autres arguments à lui opposer que ceux évoqués dans un précédente intervention. (bien qu'un tel sujet pourrait être débattu pendant des lustres ) Attendons également de voir ce qu'en pensent les echellistes des classements internationaux.
J'en profite pour glisser à SENDAWAR que la dernière chose hippique à laquelle je voudrais assister, c'est bien l'Arc des Arcs réunissant les plus grands. Poursuivre cette chimère n'aurait d'autre effet que de briser la fibre des passionnés que nous sommes |
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13.12.03 - 22:28 |
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