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Platon |
# 61 ≡ Re: La distance du jockey-club |
Groupe I
1581 posts depuis le 20/2/2007 De : La Vienne (86)
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CalvadosBloodstock, Citation :C'est les facteurs physiologiques qui interviennent aux moments de changement de phase - sortie-train, train-finish? La morphologie semble ne pas y jouer un rôle très important. Ou bien les petits chevaux peuvent changer de phase plus facilement? Peut-être c'est l'équilibre/proportion musculature-ossature qui est déterminant.
Quelque soit la distance, la sortie des boites est la même pour tout le monde et cet effort violent se produit toujours en anaérobie pendant quelques secondes. Le "classique" a alors consommé son énergie (ATP + CP soit adénosine triphosphate + créatine phosphate) contenue dans les muscles (fonction cytoplasmique en absence d'oxygène). Le malheur est que le "classique" doit maintenant se ré-oxygéner pour consommer le glycogène éviter la production d'acide lactique, alors que le sprinter aura encore des réserves disponible en ATP , CP et glycogène pour aller au but des 1000 mètres avec peut d'oxygène et produire peut d'acide. Le mécanisme énergétique est le suivant : ATP-Créatine Phosphate, ATP-glycogène et ATP-oxygène (les réserve justifient les distances) grâce à la nature des fibres. Notre "classique" brulera le glycogène mais en mode aérobie. Si l'oxygène manque, la cellule remplie d'acide finira par le libérer au travers de la membrane et se répandra dans le sang en asphyxiant le cheval et donnant des douleurs musculaires.
La détermination de ces tempéraments est essentiel et je comprends fort bien votre curiosité. Celle-ci doit faire l'objet d'une certaine expérience, comme un gynécologue sait évaluer l'heure d'une ovulation ou un éleveur sait au loin, reconnaitre son cheval dans un pré.
La morphologie ne joue pas de rôle important dans la consommation d'énergie, la morphologie indique que le sujet a un métabolisme anaérobie ou aérobie. Désolé pour Henrythenavigator je ne le connais pas. Mais un tempérament est complexe et jamais "uniciste", en principe il contient au moins 4 composantes. Nous touchons là les limites du discours, ce qui suit est réservé, je pense cependant avoir dit assez pour vous mettre sur la piste.
Merci CalvadosBloodstock, j'ai pris plaisir à cet échange, je veux bien continuer mais en MP et cela impliquerait l'acquisition de connaissances et d'expériences plus approfondies. très cordialement.
Platon : Blog: Les petits éleveurs de PS Site collection équestre : www.psreditions.com "Le bruit ne fait pas de bien ; le bien, pas de bruit." |
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17.06.08 - 23:34 |
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CalvadosBloodstock |
# 62 ≡ Re: La distance du jockey-club |
Groupe I
1279 posts depuis le 6/10/2007 De : Calvados; Cambridge
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Déjà, Platon, c'est très sympathique de votre part de répondre à mes questions, qui sont celles d'un amateur passionné qui essaie de comprendre le cheval de course et sa nature. Je profite beaucoup de vos connaissances, et c'est sûr que la conversation soit asymmétrique, parce que je n'apporte que mes questions tirées d'une curiosité "naturelle" et surtout d'un amour du cheval, tandis que vous expliquez toute une science et une philosophie d'élevage. Grand merci!
Poulenc, 3 novelettes, http://www.youtube.com/watch?v=vWtdLYdGaR0&feature=related Franck, Prélude, chorale et fugue, http://www.youtube.com/watch?v=Dq67nsDLucI Rachmaninov, op.39, no.5 - https://www.youtube.com/watch?v=WaFiU77kr7s |
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17.06.08 - 23:53 |
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Louvois |
# 64 ≡ Re: La distance du jockey-club |
Groupe III
413 posts depuis le 7/9/2008
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Débat très intéressant.
Je pense que derrière cette décision (discutable, certes), il y a avant tout un souci de logique et de cohérence.
Personnellement, je suis arrivé au monde des courses par le biais du trot ou j'ai été habitué à une certaine continuité (c'était à la fin des années 80, début des 90. Ce n'est plus le cas maintenant...) et je dois dire que mes premières impressions de galop avaient été mitigées: c'était beau, prestigieux et tout ce que vous voulez mais ça manquait de lisibilité. On avait des classiques totalement incohérentes: le mile des Poules, puis 800 mètres de plus trois semaines plus tard (!) avec le JC puis 400 mètres de moins un mois après (GP de Paris). Franchement, le calendrier classique français, c'était un peu du grand n'importe quoi...
Avec cette réforme, on peut dire tout ce que l'on veut mais il faut y reconnaître un souci de cohérence. La progression est logique: 1600-2100-2400 et peut en théorie être suivie par un certain nombre de chevaux.
Le grand problème des distances classiques est que les Derbies interviennent un peu trop tôt dans la saison. Entre nous, et en mettant de côté la part du prestige et de l'histoire, quel est en général le Derby le plus relevé d'Europe, celui qui fournit le plus de grands chevaux qui domineront ensuite la distance reine? C'est le Derby d'Irlande! En termes de valeur, de confirmation de ses vainqueurs, il est en général loin devant Epsom et le Jockey-Club. Pourquoi? Ne serait-ce pas parce qu'il est couru un peu plus tard, début juillet, à un moment où les 3 ans peuvent pleinement s'exprimer sur 2400m?
Regardez le Derby d'Epsom sur les 20 ou 30 dernières années et dites-moi combien de vainqueurs ont ensuite confirmé. Très peu en réalité. Je sais que je vais en faire sursauter certains mais le Derby Epsom est en réalité assez pauvre, avec un nombre incroyable de vainqueurs qui ne feront rien par la suite, qui se sont trouvés là au bon moment et c'est tout, qui ne confirmeront jamais. (Epsom est presque d'ailleurs un but en soi et non pas une étape, ce qui est extrêmement mauvais pour les courses). Et c'est encore pire pour les Oaks dont les gagnantes tombent en général dans l'anonymat le plus total dès le lendemain de la course! Pour le JC, c'était un peu moins vrai mais il y avait quand même trop, beaucoup trop de vainqueurs "bidon" qui gagnaient la course sur un coup de bol et ne faisaient jamais rien par la suite.
Je crois que c'est là le nœud du problème et ce qui, avec l'incohérence totale du calendrier classique français, a motivé la réforme de 2005. Grosso-modo, même s'il faut attendre encore quelques années pour en voir les conséquences, on se dirige vers la situation suivante: avant la réforme, c'était toujours un cheval de distance classique qui gagnait le JC mais pas forcément un champion (loin de là!); à l'avenir, ce n'est pas toujours un cheval de distance classique qui gagnera le JC mais beaucoup plus souvent un champion (qu'il soit miler rallongé ou classique "écourté").
Avec la réforme de 2005 (et je prends en compte ici également le changement de date du Jean Prat, le prix d'Astarté, le GP de Saint-Cloud...), le programme français actuel est devenu extrêmement équilibré et cohérent, d'un grand intérêt (du moins en théorie car il faudra sans doute plusieurs années en pratique). Il est même devenu "autosuffisant", c'est-à-dire que les chevaux français n'ont même plus besoin de s'expatrier outre-Manche. La France est, à cet égard, le seul grand pays hippique du monde (avec les Etats-Unis) à être autonome. Les Britanniques, au contraire, offrent un programme légèrement farfelu et leurs champions sont et seront de plus en plus obligés de venir en France.
Nous aboutissons à un système magnifié de lignes (la ligne de telle course/distance rencontre la ligne de telle autre) qui ajoute de l'intérêt aux courses. En théorie, voici le système: Au début de l'année, nous avons chez la génération classique deux lignes, à la fois pour les mâles et les femelles: -le mile (les préparatoires des prix de Fontainebleau et de la Grotte et les Poules) - la distance plus longue (les poules de produit: Noailles, Hocquart... Saint-Alary pour les femelles) Ces deux lignes se rencontrent ensuite sur une distance intermédiaire (2100m) dans le Jockey-Club pour les mâles et le prix de Diane pour les femelles. Le Diane a toujours été couru sur 2100m et personne ne criait au loup. D'ailleurs, le Diane était très souvent bien plus intéressant que le JC justement grâce à l'incertitude des lignes (la ligne Vanteaux-Saint-Alary prendra-t-elle le pas sur la ligne des Poules ou le contraire?). Le Jockey-Club a donc été aligné sur le Diane (et non sur les courses américaines comme je lis dans certains messages!) avec, pour objectif, d'apporter le même intérêt que pour le Diane et de faire participer plus de champions (milers rallongés).
Ensuite, à la mi-juin (et non plus dès le mois de mai!), après le passage par ces juges de paix que sont le JC et le Diane, se pose la question de la spécialisation du galopeur. Sur ce qu'il a montré dans ces deux épreuves-charnière, ira-t-il sur plus long ou reviendra-t-il sur plus court? Notons que le JC et le Diane ont donc le rôle de courses de sélection ; de courses où l’on juge un cheval ; son aptitude à aller sur long ou court, sa qualité, ce qui est quand même la raison d’être d’un Derby,
S'il choisit la distance classique, il courra le Grand prix de Paris, sorte de "finale" entre les femelles du Diane et les mâles du JC (du moins en théorie car en pratique cela tarde un peu à se réaliser, mais c'est normal, il faudra attendre quelques années...). Toutefois, les femelles (ah, le privilège féminin...) peuvent choisir de se réserver pour le Vermeille. Le tout menant, via les préparatoires (Niel), à la "grande finale" de l'Arc, où les 3 ans rencontrent les "vieux" (qui eux ont bénéficié d'un GP de Saint-Cloud uniquement pour eux) et les chevaux étrangers. L'Arc devient en effet le point de mire, le sommet de la pyramide où se rencontrent toutes les lignes de la saison. La ligne du Jockey-Club, la ligne du Grand prix de Paris (qui peut être différente de celle du Jockey-Club), la ligne du Diane-Vermeille, la ligne des "vieux" (Harcourt/Ispahan, Grand prix de Saint-Cloud), la ligne des 3 ans anglais et irlandais (Derbies anglais et irlandais), des "vieux" anglais et irlandais (Coronation, King George...). Sans compter les distances intermédiaires anglaises et irlandaises (Eclipse, International de York, Irish Champion). Bref, un feu d'artifice final exceptionnel.
Si la distance des JC et Diane s'est révélée trop longue, les chevaux peuvent alors revenir sur le mile, avec le Jean Prat (course totalement inutile dans l'ancien calendrier, devenue incontournable maintenant) et, pour les femelles désireuses de ne pas encore rencontrer les mâles mais prêtes à en découdre avec leurs ainées, le prix Rothschild-Astarté. Ici aussi, deux lignes sont susceptibles de se rencontrer (ceux qui ont couru 2100m et veulent revenir sur plus court et ceux qui viennent directement des Poules). Ensuite, tout ce beau monde se retrouve dans le Jacques le Marois et le Moulin. (La seule critique que je ferais est que le Rothschild-Astarté est trop proche du Jacques le Marois, il faut l'avancer dans le calendrier!).
C'est globalement un programme cohérent, logique, progressif, avec un système pyramidal de lignes qui donne beaucoup plus d'intérêt aux courses. C'est aussi un programme "autosuffisant" et autonome qui place la France en tête des courses européennes (est-ce un hasard si les Anglais, un peu dépassés par les événements, parlent maintenant de créer les ubuesques et peu vraisemblables "Sovereign Series"?). Si les Poules restent fortement concurrencées par les Guinées anglaises et irlandaises, on a ensuite un retournement de situation. Le JC, qui était largué par le prestige et l'allocation du Derby d'Epsom, va maintenant le concurrencer plus sérieusement en attirant un certain nombre de champions milers (où va maintenant aller courir un vainqueur de Guinées dont on ne sait pas trop s'il tient 2400m? Il y a des chances que son propriétaire le dirige maintenant vers Chantilly, chose qu'il n'aurait jamais faite il y a seulement quelques années). Les Grands prix de Paris et de Saint-Cloud vont, eux, concurrencer de plus en plus le Derby irlandais et les King George (lire la très intéressante interview de John Gosden il y a quelques semaines sur la "décadence" des King George pour cause de réforme du calendrier français). Sur le mile, les courses françaises n'ont rien à envier a leurs homologues britanniques et irlandaises. Seule la distance intermédiaire (2000m) est encore aux mains britanniques. Vous le voyez, nous sommes entrés dans une situation où le programme français en vient presque à surpasser la somme des programmes anglais ET irlandais.
Je crois que nous sommes loin ici d'une imitation servile de je ne sais qui. On peut penser tout ce qu'on veut des initiateurs de ce programme, mais il faut leur reconnaître une chose: ils l'ont fait dans le but d'améliorer la situation des courses en France et de placer la France au centre de la scène hippique européenne voire mondiale. Etant donné le nombre de partants, étant donné la réaction hystérique des Anglais avec les Sovereign Series, étant donné la décadence de certaines courses outre-Manche dépassées par leurs équivalentes françaises, je crois bien qu'ils ont déjà en partie réussi.
Amicalement
[ Edité par Louvois 08.09.2008 - 01:38 ]
[ Edité par Louvois 08.09.2008 - 01:43 ] |
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07.09.08 - 22:56 |
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Louvois |
# 67 ≡ Re: La distance du jockey-club |
Groupe III
413 posts depuis le 7/9/2008
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Pour rebondir sur ce que je disais à propos des Derbies en général et du Derby d'Epsom en particulier: Louvois, Citation :Le grand problème des distances classiques est que les Derbies interviennent un peu trop tôt dans la saison. Entre nous, et en mettant de côté la part du prestige et de l'histoire, quel est en général le Derby le plus relevé d'Europe, celui qui fournit le plus de grands chevaux qui domineront ensuite la distance reine? C'est le Derby d'Irlande! En termes de valeur, de confirmation de ses vainqueurs, il est en général loin devant Epsom et le Jockey-Club. Pourquoi? Ne serait-ce pas parce qu'il est couru un peu plus tard, début juillet, à un moment où les 3 ans peuvent pleinement s'exprimer sur 2400m?
Regardez le Derby d'Epsom sur les 20 ou 30 dernières années et dites-moi combien de vainqueurs ont ensuite confirmé. Très peu en réalité. Je sais que je vais en faire sursauter certains mais le Derby Epsom est en réalité assez pauvre, avec un nombre incroyable de vainqueurs qui ne feront rien par la suite, qui se sont trouvés là au bon moment et c'est tout, qui ne confirmeront jamais. (Epsom est presque d'ailleurs un but en soi et non pas une étape, ce qui est extrêmement mauvais pour les courses). Et c'est encore pire pour les Oaks dont les gagnantes tombent en général dans l'anonymat le plus total dès le lendemain de la course! Pour le JC, c'était un peu moins vrai mais il y avait quand même trop, beaucoup trop de vainqueurs "bidon" qui gagnaient la course sur un coup de bol et ne faisaient jamais rien par la suite.
Paris Turf publie aujourd'hui un intéressant article sur le peu de réussite des vainqueurs du Derby d'Epsom à l'Arc de Triomphe. Seuls quatre chevaux ont fait le doubl'e dans l'histoire!! Voici l'article: http://www.paris-turf.com/courses-hippiques/FR/les-actualites-courses/actualites-courses.htm?objet=ARTICLE%20776 |
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24.09.08 - 17:30 |
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