Au cœur de l’actualité ces derniers jours avec une condamnation par le tribunal correctionnel pour ses méthodes professionnelles et la réaction du monde équestre pévélois qui le désigne comme un « trafiquant » de chevaux, Olivier Dupire dénonce un procès en sorcellerie. « On me considère comme une bête noire parce que mon métier consiste à envoyer des chevaux à la boucherie. C’est de l’hypocrisie », jure le Cysonnien, qui affirme que son téléphone sonne tous les jours pour aller chercher des chevaux. « Mais personne ne veut que cela se sache. »
Le Pévélois assume son métier. « Quand il y a un cheval à tuer, on sait que c’est moi qu’il faut appeler. » Condamné à huit mois de prison ferme début février pour escroquerie, faux et usage de faux, Olivier Dupire tourne avec agacement les pièces de son dossier sur la table rustique de la salle à manger. « Tous ces éléments, je n’ai pas pu les produire le jour du procès car mon avocat m’avait affirmé que l’audience était reportée. J’ai pris un autre avocat et j’attends une nouvelle date pour pouvoir enfin me défendre », peste celui que le monde équestre de la Pévèle désigne comme un « trafiquant » qui exercerait sans en avoir le droit. « Regardez si je ne suis pas enregistré comme éleveur-engraisseur ? Ça, c’est un papier de la Chambre d’agriculture. En-grai-sseur. Vous voyez que c’est mon métier ! Et j’ai le même papier pour mon métier d’éleveur ».
Volontiers gouailleur, l’œil malin, Olivier Dupire est le genre d’homme affable qui a la tape sur l’épaule facile. Mais il s’agace tout aussi facilement face aux accusations des professionnels du cheval. Marchand de bovins et de chevaux de 1996 à 2004, le Cysonnien a roulé sa bosse ces dix dernières années. D’abord propriétaire d’un café à Mouchin, il a traversé la frontière pour aller ouvrir un dancing aux mœurs un peu légères. Le genre d’établissements qu’on ne trouve pas en France. « Et puis j’ai revendu en 2012 pour me remettre dans les chevaux », sourit Olivier Dupire, qui convient de l’incongruité de son parcours.
« Ma fille veut être éleveuse. On lui a donné sa chance. J’ai récupéré cinq juments et trois étalons aux belles origines. Notre but, c’est de faire de la sélection tip-top », explique l’ancien maquignon, qui ne fait pas mystère du sort réservé aux poulains qui n’entrent pas dans ses critères. « Comme partout ailleurs, on garde ce qui est bon, et ce qui ne l’est pas s’en va soit en centre équestre, soit à la boucherie », assume Olivier Dupire, qui a décidé dès le départ de coupler son activité d’éleveur à celle d’engraisseur. « Il ne faut pas se voiler la face : gagner sa vie avec le seul élevage, ce n’est pas possible. Aujourd’hui, c’est l’activité d’engraissage qui nous permet de poursuivre de l’autre côté. » Olivier Dupire achète ainsi des chevaux de réforme, ou boiteux, qu’il conserve en moyenne deux mois afin de les engraisser. « Il arrive que l’on achète des chevaux maigres auxquels on fait reprendre 100 kg. Puis on les vend sur pied aux bouchers de la région, de 1 à 2,5 € le kilo, selon la qualité du cheval. » Un métier méconnu et mal vu qui, assure-t-il, lui vaut sa réputation.
« Un cheval qui ne sert plus, cela coûte cher.
Moi, s’ils sont consommables, je les achète jusqu’à 500 €. »
« J’ai pourtant vendu 80 chevaux pour la boucherie en 2013 sur la centaine que j’ai achetés. Il faut bien qu’ils viennent de quelque part. Je ne donnerai pas de nom, mais je travaille avec beaucoup de centres équestres qui m’appellent régulièrement pour se débarrasser des chevaux qui ne sont plus en état de supporter des journées entières en club », soutient Olivier Dupire, qui assure par ailleurs devoir souvent travailler de nuit pour aller chercher les chevaux. « On ne veut pas que cela se sache, alors on attend que les membres des clubs et le personnel soient partis. Un cheval qui ne sert plus, cela coûte cher, 200 à 300 € d’alimentation par mois, plus les soins. Et s’il faut euthanasier et appeler l’équarrisseur, c’est 400 €. Moi, s’ils sont consommables, je les achète jusqu’à 500 €… »
Et pas forcément pour finir sur un étal. Le marchand assure aussi sauver des chevaux de l’abattoir. « Certains me sont confiés pour la boucherie alors qu’ils ne méritent pas la mort. Il y a quinze jours, j’ai revendu un cheval à un particulier de Bauvin. Comme d’autres. L’an dernier, par exemple, un cheval m’avait été confié par ce qu’il était impossible à monter. Ma fille l’a débourré, on l’a vendu à un club de horse-ball. Aujourd’hui le cheval est champion de France », prétend Olivier Dupire en désignant une page de son site Internet. Une petite dizaine de chevaux y sont à vendre. Ceux-là n’iront pas en boucherie. On ne saura pas s’ils lui avaient été confiés pour finir en boucherie ou dans une pâture, ce que prétend aussi accepter Olivier Dupire.
Ils auront en tous les cas plus de chance que ce cheval dont le Pévélois nous montre le certificat. Issu de champions de courses de trot, son éleveur demande qu’il soit tué. « Il n’est pas performant. Et je ne peux pas le revendre à un centre équestre, sinon je perds le client. C’est la réputation de son élevage qui est en jeu », assure Olivier Dupire, qui estime pour sa part ne rien avoir à cacher. « Et cacher quoi ? Aujourd’hui dans la métropole et dans la Pévèle, tout le monde sait que s’il y a un cheval à tuer, c’est moi qu’il faut appeler… » Condamné à huit mois ferme Le 6 février, le tribunal correctionnel a condamné Olivier Dupire à huit mois de prison ferme pour escroquerie, faux et usages de faux. Il était reproché à l’éleveur-engraisseur d’avoir acheté un cheval à un particulier contre bons soins, cheval qui avait fini à l’abattoir deux jours plus tard. Le tribunal a également reproché au Pévélois la vente « frauduleuse » de 24 chevaux en 2012 aux abattoirs. Des faits qu’Olivier Dupire dément, lui qui, assure-t-il, n’a pu se défendre lors de cette audience.
« Mon avocat n’avait pas demandé le dossier pénal et a donc envoyé un fax demandant le report de l’audience, en m’assurant que je n’avais pas à me déplacer. Or un report d’audience se demande à la barre ; le tribunal a donc examiné l’affaire normalement, et je n’ai pu ni apporter au dossier les documents qui prouvent que je suis en règle, ni fournir d’explication. » Comme cette attestation d’un vétérinaire qui affirme avoir examiné le cheval parti aux abattoirs au bout de deux jours, concluant qu’il était nécessaire d’abréger les souffrances du cheval, asthmatique.
« J’ai pris un nouvel avocat qui a fait opposition de ce jugement au motif qu’il a été rendu par défaut. Aujourd’hui, j’attends de pouvoir me défendre lors d’une prochaine audience », avance Olivier Dupire, embarrassé, dit-il, par le préjudice que cette affaire lui infligerait. Le Pévélois dit aussi devoir faire face à un collectif qui, affirme-t-il, lui rend la vie impossible sur les réseaux sociaux. « On tombe dans le n’importe quoi. Je suis désigné comme la bête noire, un coupable même, parce que je fais mon métier. Mais le coupable, c’est celui qui vend son cheval parce qu’il n’en veut plus et que ça lui coûte cher. »
L’éleveur-engraisseur devra pour autant convaincre le tribunal sur des accusations de pratiques douteuses auxquelles il n’apporte pas de réponse concrète, comme celle selon laquelle Amos, le cheval qui est au centre de l’affaire, aurait été acquis en se prévalant d’une fausse identité. S. H.
A lire sur lavoixdunord.fr Actualités de la région Nord-Pas-de-Calais - La Voix du Nord - Cysoing: cet «éleveur» de la Pévèle qui achevait bien les chevaux
TROUVE SUR FACEBOOK. Si je peux je vais essayer de mettre sa gueule en photo....
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