Course B
59 posts depuis le 19/1/2007 De : mayenne
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' Linfluence allemande dans les courses françaises s'est démultipliée depuis quelques années. Les professionnels germaniques se déplacent désormais hors de leurs frontières tout simplement parce qu'ils y sont poussés par la faim. En effet, les courses et surtout le système de jeu va si mal en Allemagne que les allocations basses ne peuvent plus nourrir les équipes locales. Alors ils vont chercher, avec leurs chevaux, fortune ailleurs. Mais encore pour cela faut-il en avoir les moyens sportifs. Car il y a bien évidemment beaucoup de nations qui aimeraient débarquer en France et remporter plein de courses, mais ils n'ont pas le talent suffisant dans leurs boxes.
Grâce à un élevage performant depuis des dizaines d'années, un système de courses sélectif fondé sur la solidité prouvée par l'aptitude au 2400 m, et un système d'entraînement rude, les allemands peuvent se permettre, sous l'égide entre autres du redoutable Werner Baltromei, de gagner des courses en série en France, depuis les petites épreuves des sables deauvillais ou cagnois jusqu'aux plus beaux tournois classiques de l'été normand ou de l'automne à Longchamp. C'est ainsi que Lady Marian a enlevé le Prix d la Nonette (Gr3) et le Prix de l'Opéra (Gr1) en 2009 préparée par el grand Werner et montée par Dominique Boeuf.
Puisqu'ils possèdent des souches de très grande qualité et surtout très typiques du pays, les éleveurs allemands ont compris l'efficacité des croisements avec les courants de sang les plus réputés d'Angleterre ou d'Iralande. Ce croisement fonctionne d'ailleurs dans les deux sens, que ce soit d'un père anglo-saxon avec une mère germanique, comme la pré-citée Lady Marian ou l'inverse, un père allemand avec une souche britannique, comme c'est le cas pour Conillon.
Grand alezan avec un cadre très bien dessiné, typique en cela du modèle allemand, Conillon est en effet un fils du fameux Acatenango. C'est le 4e fils de ce grand chef de race stationné en France, après le célèbre Lando, le confirmé Protektor et le jeune Night Tango.
Acatenango a marqué non seulement son époque grâce à ses succès en course et au haras, mais aussi l'histoire de l'entraînement allemand. En effet au milieu des années 80, alors que les courses outre-rhin étaient considérées comme le tiers-monde hippique par les puristes cantiliens, cet immense alezan portant la bannière jaune et noire de Gestut Fährof, une des plus grandes casaques historiques allemandes, a stupéfait l'assemblée en gagnant d'une avenue le Grand Prix de St Cloud 1986, entraîné par le maître de l'époque Heinz Jentzsch. Fils de Surumu, Acatenango venait d'aligner 8 victoires consécutives, dont le Derby de Hambourg. Gagnant ensuite de trois Gr1 de suite durant l'été allemand, Acatenango a concu 7e de l'Arc de Triomphe de Dancing Brave, puis a terminé 3e de la Coronation Cup d'Epsom (Gr1) en Angleterre.
Bref, puisque Star Appeal, vainqueur du Prix de l'Arc de Triomphe 1975 à 119/1, allemand de souche maternelle et d'entraînement mais né en Irlande d'un père italien n'a pas tant marqué les mémoires. Acatenango reste connu pour être le premier champion allemand qui soit parvenu à imposer son talent à l'étranger.
Chose pas si fréquente, Acatenango a été largement aussi doué au haras que sur les pistes. Il a ainsi tracé durablement, d'autant plus qu'il est mort assez tard, en 2005 à 23 ans. Sans citer tous ses meilleurs produits, ce qui prendrait des heures, relevons ceux qu'on a connu en France tels Borgia, 3e de l'Arc puis gagnate de la Hong Kong Vase, Blue Canari, vainqueur d'un Jockey Club, Guadalajara, Lando, Quijano, Sabiango, Tiganello, etc...
Pour donner naissance à Conillon, Acatenango a été croisé à une jeune jument, Castilla, fille de Spectrum. Ce champion des distances intermédiaires, gagnant des 2000 guinées irlandaises (Gr1 sur 1600 m) et des Champions Stakes (Gr1 sur 2000 m) sous la casaque de Lord Weinstock est devenu un étalon réputé outre-manche.
Castilla elle-même, acquise à grand frais par Gestut Fährhof, a fait carrière en Allemagne, où elle a décroché la catégorisation de Black-Type en gagnant une Listed sur 1300 m à 4 ans. Elle avait donc montré beaucoup de vitesse de base. Castilla avait été recruté à l'étranger par Gestut Fährhof, qui appartient à la richissime famille Jacobs (les cafés du même nom...) tout simplement parce qu'elle est issue d'une grande famille internationale, par ailleurs très en verve dans les années 2000;
En effet, la mère de Castilla, Coryana, par le rare français Sassafras, qui était parvenu à battre le crack NijinskyII dans un prix de l'Arc de Triomphe d'anthologie, a gratifié ses propriétaires d'une descendance formidable. Outre Castilla, Coryana a donné tout d'abord le puissant Waajib, vainqueur à Ascot des Queen Anne Stakes (Gr1 sur 1600 m), mais aussi à longchamp du Prix du Rond Point (Gr2), devenu Prix Daniel Wildenstein, sous la casaque d'Hamdan Al Maktoum. Waajib est aujourd'hui un étalon influent en Irlande. Waajib est le père de Carrowkeel et Royal Applause, lui-même un reproductuer à succès. Conillon est donc le cousin d'un grand étalon, qui est un grand alezan comme lui.
La descendance de Coryana s'est aussi rendue célèbre au Brésil avec trois chevaux de niveau Gr1, mais elle a surtout fait parler d'elle en France avec la production stupéfiante de Loxandra, pouliche qui n'avait pourtant gagné qu'une petite course en Angleterre.
Recrutée à propos par leonidas Marinopoulos, Loxandra lui a donné cinq vainqueurs de listed et de groupes, tous entraînés par Carlos Laffon-Parias mais issus de pères très hétéroclites. Keltos (Kendor), le cheval blanc, a été le meilleur gagnant de Gr1 en Angleterre dans les Lockinge Stakes, il est étalon au Haras des Granges dans le Sud-Ouest. Loxias (Saumarez) a gagné le Prix Jean de Chaudenay (Gr2) après le Derby de l'Ouest. Il est étalon aux Ecuries du Derby dans le Maine et Loire. Castré, Krataios (Sabrehill) a enlevé le Prix du Muguet (Gr2) et conclu 3e de la Poule d'Essai des Poulains (Gr1). Kavafi (Zafonic) a arraché le Prix Quincey (Gr3). Après une saison au Haras d'Etreham comme étalon, il est parti chez son éleveur en Grèce. Enfin, le tout premier, Iridanos (Sabrehill), a ouvert la voie en gagnant 2 listed.
En course Conillon a tenu le rang des meilleurs de sa famille. Précoce, malgré son modèle imposant et une famille où les chevons ont duré et n'ont fait que s'améliorer avec les années, Conillon a gagné à 2 ans sur les 1600 m de Cologne.
A 3 ans, il a fait partie de l'élite de sa génération, sous la coupe d'Andreas Wohler. Il a attaqué la saison classique par un succès dans une listed sur 2000 mà Dortmund. Cette performance s'est révélée encore plus importante par la suite, lorsque son dauphin Antek monté par William Mongil, a conclu ensuite 2e du Derby Allemand (Gr1) derrière Alderflug.
Dans la foulée Conillon a conclu 3e d'une épreuve de sélection convoitée, le Oppenheim-Union-Rennen (Gr2), sur 2200 m à Cologne. Cette course a été remportée par Axxos, un fils de Monsun qui a ensuite terminé 2e du Grand Prix de Paris (Gr1) et a été acquis cette année par les Haras Nationaux pour débuter la monte en France. Evitant le Derby, Conillon a vu sa préparation toute axée sur un grand objectif, Le Deutschland Preis Gr1 disputé sur le 22 juillet 2007 sur les 2400 m de Dusseldorf. Il s'en est fallu d'un rien pour qu'il l'emporte. Monté par Ted Durcan, il n'a en effet échoué que d'une tête face à l'excellent Schiaperelli son aîné de un an, associé à Andrasch Starke qui a l'occasion de cette course a été mis à pied 3 jours pour usage abusif de la cravache. il faut noter que Shiaparelli et Conillon sur le poteau d'arrivée étaient détachés de plus de trois longueurs et demie des autres poursuivants. Conillon a alors fait jeu égal avec un vrai champion au sommet de son art, qui a ensuite enchaîné avec 2 nouveaux succès de Gr1, à Cologne dans l'Europa Preis et à San Siro en Italie dans le Gran Premio del Jockey-Club.
Conillon a mis un terme à sa carrière sur cette performance. Il débute la monte en 2009 au Haras de la Branchardière, au coté de deux compatriotes, Banyumanik et Matrix |
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