Cheikh, chèques et kopecks
Cheikh Mohammed Al Maktoum est un personnage mystérieux. Pour qui veut l’observer et tenter de déchiffrer l’énigme, l’exercice relève de la gageure tant son attitude ne laisse rien transparaître. Le visage, fermé, impassible révèle encore moins d’émotions que les cerbères taciturnes qui le protègent jour et nuit. Seules les grandes victoires et les facéties de Frankie Dettori, parviennent parfois à égayer son regard noir et profond d’oriental. Comme si le rire ou l’expression la plus minimale d’un sentiment contrevenaient à son statut de potentat richissime. De religion, on ne lui en connaît qu’une : le cheval de pur-sang, qu’il vénère plus que tout. Pour preuve, il congédie sans délais ceux de ses employés qui se rendent coupables de la plus bénigne des maltraitances envers ses chevaux. On l’a vu aussi, toutes affaires cessantes, accourir au chevet de Dubaï Millenium annoncé mourant par le vétérinaire, afin de partager ses derniers instants de vie, la main sur le chanfrein et le cœur lourd.