Les dieux sont tombés sur la tête !
Préparons les bûchers !...
Après la lecture du Paris Turf de jeudi, où étaient tracées les grandes lignes d’un programme de courses rénové en remplacement de l’ancienne liturgie jugée obsolète par ces nouveaux hérétiques que sont messieurs Edouard de Rothschild et Louis Romanet, les fidèles de la grande religion du galop, dont je suis, ont pu penser que le pontife du 46 place Abel Gance et son thuriféraire avaient transformé ce lieu en pandémonium, ou bien que chacun d’eux s’étaient pris un grand coup d’ostensoir sur la mitre.
Pour autant mes frères devons-nous préparer les bûchers, attendre la repentance de deux larrons ayant cédé au malin ou, comme Luther, préparer la réforme de notre église ?
Etat des lieux :
Le calendrier la génération classique se déclinait à l’origine suivant deux filières :
- Poules d’essais - Prix lupin - Jockey Club - Grand Prix de Paris sur 3100mètres
- Prix Greffulhe, Noaille, Hocquart et Daru (disparu en 1978) - Prix lupin - Jockey Club - Grand Prix de Paris sur 3100 mètres.
Si l’on considère que le Prix de l’Arc de Triomphe crée en 1920 est devenu l’ultime étape dans l’élaboration de la hiérarchie nationale, ce calendrier originel se complétait à partir du Jockey Club des deux façons suivantes :
- Grand Prix de Paris sur 3100 mètres - Prix Royal Oak sur 3100 mètres (réservé au seul 3 ans) - Arc de Triomphe.
- Grand Prix de Saint Cloud sur 2500mètres (il a été raccourci depuis) - Prix du Prince d’Orange (puis Prix Niel) - Arc de Triomphe.
Suite aux modifications de circonstances qui se sont succédées ces 30 dernières années et qui ont abouti aux incohérences du calendrier actuel, on peut constater que ce bel ordonnancement n’existe plus, en voici trois exemples :
- Les poules d’essais qui initialement se couraient en même temps que les Guinées se courent désormais le même jour que le Prix Lupin, donc les milers français ne peuvent plus s’essayer sur une distance voisine du Jockey Club ce qui explique, partiellement, leur absence de participation au Derby cantilien. (notons qu’outre manche, il y a encore beaucoup de chevaux qui font le doublé Guinées Derby).
- Le Prix Royal Oak, initialement conçu comme la revanche du Grand Prix de Paris n’avait plus, aux yeux des concepteurs du replâtrage actuel, aucune justification depuis que ce dernier avait été raccourci à 2000 mètres. Il est désormais devenu «n’importe quoi » en fin de saison.
Couru à peu près à la même date, Le Saint Legers de Doncaster a survécu et pour ceux qui douteraient de l’intérêt de l’un et de l’autre sachez que sur un plan personnel la plus belle arrivée d’un prix de l’Arc de Triomphe à laquelle j’ai assisté, c’était en 1970, opposait NIJINSKY vainqueur du Saint Legers à SASSAFRAS vainqueur du Prix Royal Oak.
- Le raccourcissement du Grand Prix de Paris de 3100 à 2000 mètres, opéré afin de satisfaire à la nouvelle mode de l’élevage, n’a eu comme conséquence que de vider le Grand Prix de Saint Cloud de la participation des chevaux de 3 ans, pourtant très nombreux au palmarès !
En conclusion, je trouve la démarche du président de France galop lucide et nécessaire et que, si revenir à la situation antérieure n’est pas souhaitable car l’élevage moderne ne produit plus les chevaux adaptés, maintenir dans le calendrier actuel des épreuves dénaturées est absurde.
Sans anticiper sur les résultats concrets qu’aura l’élaboration de ce calendrier révolutionnaire je souhaite à celui d’Edouard de Rothschild plus de pérennité que celui né de l’œuvre de Fabre d’Eglantine.
A suivre...