Placé à l’entrée du jardin des Tuileries dans la perspective de l’obélisque et de la pyramide du Louvres, l’arc de triomphe du Carrousel n’a ni la prestance ni l’aspect monumental de celui de la place de l’Etoile.
Sans doute en est-il de même pour l’édition 2006 du prix du même nom disputé à Longchamp, dont la banalité du résultat a douché les esprits surchauffés et cyclopéens qui voyaient dans ce millésime le remake d’un antique combat de titans et, comme dans la mythologie, aurait débouché sur une ère nouvelle.
Les superlatifs utilisés dans les commentaires précédents l’épreuve m’ont plongés dans un abyme de perplexité tant ceux-ci me paraissaient injustifiés. Y préférant personnellement la pratique du vieux dicton populaire professant que «c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs soupes» ou les mises en garde de Max Léglise* aux dégustateurs «méfiez-vous de votre première impression… c’est souvent la bonne».
Or mon impression, après la cascade de forfait qui s’est abattue sur l’épreuve, est que l’on ne peut pas qualifier de grandissime un
Arc de 8 partants ! Et que si l’on veut gagner il faut d’abord courir !
Et regretter une fois de plus que la couardise des propriétaires actuels et leur perméabilité à la rhétorique événementielle produite sur ce 85ème
Arc de Triomphe en aient incité tant à baisser les armes devant un résultat que nombres d’ignorants de l’histoire des courses considéraient comme connu d’avance.
D’ailleurs, le résultat désormais acquis, certains doivent sûrement regretter leur manque d’audace ou de sportivité pour entre autres les
Sudan,
Youmzain,
Alexandrova,
Mandesha, etc… L’entourage de ces deux dernières ayant préféré le
Prix de l’Opéra, épreuve qui parasite l’
Arc de Triomphe et que France Galop serait inspiré de supprimer.
Impertinente coïncidence, madame Volterra disparaît l’avant-veille de l’
Arc, elle qui vit triompher ses couleurs dans celui-ci avec
Topyo en 1968 dans une édition qui comptait pas moins de 30 (trente) partants.
Toujours est-il que si cette époque est révolue, la logique du résultat reste la même et l’
Arc 2006 a, une nouvelle fois, été remporté par le meilleur 3 ans européen ayant au préalable gagné le
Prix Niel :
Rail Link.
La seule surprise vient du P.M.U qui l’a payé gagnant 22,60€, et çà ne se reproduira pas tous les ans !
Pride est deuxième, classée très logiquement devant
Hurricane Run et
Shirocco sur lesquels elle avait refait du terrain dans le
Prix de Foy sans que Christophe-Patrice Lemaire ne cherche à les devancer sachant très bien qu’il avait pris la mesure du premier nommé dans le
Grand Prix de Saint-Cloud et conscient de la maniabilité de la jument et de son pouvoir d’accélération dévastateur hérité de son papa : Le crack
Peintre Célèbre.
Voilà qui a dû ravir sa cavalière d’entraînement, la pétillante Marjorie, dont la spontanéité et le sens de la répartie a égaillé les programmes d’Arte toute la semaine précédent la course, confirmant aux téléspectateurs les propos maintes fois répétés de Sacha Guitry «Toutes les femmes sont comédiennes…. sauf certaines actrices».
Deep Impact parti «écrasé d’argent» est troisième démontrant que :
- Il est un très bon cheval et en tout cas meilleur que les mâles d’âge européen.
- S’ils veulent gagner une course comme l’Arc, les chevaux japonais doivent faire autre chose que des galops publiques pour se dérouiller les jambes une fois descendu de l’avion (cf. Manhattan Café).
Hurricane Run fait quatrième comme son père
Montjeu et tout comme celui-ci il paye un programme inadapté à une tentative de doublé dans l’
Arc.
De plus les implorations de Kieren Fallon se plaignant du manque de train est une pierre balancée dans le jardin d’André Fabre pour masquer ses insuffisances dans cette course (bref il a monté comme une quiche un cheval dont la maniabilité n’est pas une des qualités premières et qu’il faut faire progresser le long de la lisse).
Quant à la performance de
Shirocco elle permet de relativiser la qualité des vainqueurs des
Breeders’ Cup Turf disputés sur les tourniquets d’outre-atlantique et confirme que le
Prix de Foy est un piètre fournisseur d’
Arc winners.
Au passage elle éclaire sous un nouveau jour la lucidité de Christophe Soumillon dans le choix de ses montes.
Bref il y a eu ce dimanche à Longchamp, comme bien d’autres fois précédemment, un
Arc de vérité :
- Il a sacré roi du turf un poulain de trois ans nommé RAIL LINK.
- C’était la septième victoire d’André Fabre dans l’Arc de Triomphe.
- André Fabre égale ainsi le record de Charles Henri Semblat, mais le second nommé l’a gagné trois fois comme jockey et quatre comme entraîneur.
Je vous laisse apprécier les mérites comparés de l’un et de l’autre.
*Ancien directeur de la station œnologique de Beaune, aujourd’hui disparu.