« Et c’est parti, fidèle à son habitude Imposant s’est tout de suite emparé du commandement... »
Cette
phrase vous ne l’entendrez plus. Agé de 11 ans le fils de Vidéo Rock nous tire sa révérence. Après sa contre-performance de Pau, le grand cross de Fontainebleau devait être une course pour remettre tout le monde en confiance. Mais là, incompréhension totale. Le cheval ne veut pas participer à la course, ne
s’employant jamais et hésitant même sur certains obstacles. Pourtant le cheval est magnifique, le poil luisant les muscles a fleur de peau, et son encolure ressemble a celle d’un étalon. Le travail effectué a l’entraînement faisait croire qu’il était aussi fort qu’avant. Aussi fort, oui il l’est, mais la rage de vaincre n’y est plus. Le guerrier qu’il était a connu de vrais combats. Suite à cette dernière course son entourage a compris que le cheval en avait marre. La bataille de trop n’est pas envisageable. Pas question de prendre de risques avec un cheval qui a donné autant de joie. Pourtant tout ne fut pas simple et avant de devenir l’un des meilleurs spécialistes du cross, Imposant n’a pas toujours connu des moments faciles.
Des débuts en demi-teinte
Ce demi-sang est né dans le centre de la France chez Monsieur Vagne. Sa mère Violeta a produit de bon chevaux parmi lesquels, Etoile d’or mère de Mikador et d’Or des Champs, Mifasol, Galapagos et Nacimo. Son premier propriétaire Monsieur Fougedoire le met à l’entraînement chez Stefan Kalley à Maisons-Laffitte. Il débute à Dieppe où il se classe septième, puis une deuxième place à Fontainebleau avant de finir cinquième à Auteuil. Bref, rien d’exceptionnel. Son propriétaire décide de le vendre à la fin de son année de 5 ans. Monté par David Berra, il débute sous ses nouvelles couleurs en steeple au Lion d’Angers, où il se classe 3è. Il découvre ensuite l’hippodrome de Craon où il termine troisième du bon Itador, ce qui est plutôt encourageant pour la suite. Direction Le Mans où il chute lourdement au fence sous la poigne de Jérome Guiheneuf. S’en suit une course à Landivisiau où le cheval subit un règlement de compte entre jockeys pendant la course. Le cheval en paie les conséquences en chutant au bull-finch et un autre concurrent lui marche alors sur la tête. Par chance il s’en tire simplement avec une déformation du frontal. Nouvelle course à Pornichet, nouvelle chute. Certains se permettent de dire qu’il n’a pas sa place sur un champ de courses. Le cheval accumule les zéros mais malgré tout, Philippe Peltier reste convaincu qu’il a de la qualité. Peut-être serait-t-il plus à l’aise en Angleterre ? Le vendre, pourquoi pas ? Mais pour cela il lui faut au moins une performance significative. Philippe Peltier entreprend alors un travail fou avec le cheval et quelques interventions chirurgicales vont également être nécessaires. La patience et l’obstination de Philippe Peltier vont payer. Tout d’abord à Argentan où il finit troisième d’un cross sous la selle de Christophe Dubourg qui ne le trouve pas mauvais du tout. Suite à cette course des Anglais font des propositions d’achat. Mais il n’est plus question de le vendre alors que les premiers résultats commencent à venir. A 7 ans enfin la première victoire sur le cross d’Argentan.
La
montée en puissance
Suite à son succès à Argentan, Philippe Peltier emmène Imposant à Pau pour le faire courir sur l’un des parcours (sinon LE parcours) de cross le plus exigeant. Il va s’y produire à quatre reprises sur 4.100 mètres pour deux accessits et deux chutes, ce qui est encourageant pour une découverte. Après une coupure, il rentre dans le grand cross du Touquet dont il termine deuxième avant de bien se comporter au Pertre, une victoire puis une quatrième place dans une édition relevée du grand cross local. Incontestablement le cheval progresse et il court désormais à chaque fois dans des lots bien composés, ce qui ne l’empêche pas de se distinguer. Ainsi il retourne à Pau où, sans courir les préparatoires au grand cross, il affronte néanmoins de bons lots, ce qui l’empêche de triompher malgré plusieurs beaux parcours. Après une absence de quasiment un an, direction Pau à nouveau, où il enchaîne les bonnes courses, s’imposant notamment avec la manière dans un petit cross. Il monte alors nettement de catégorie pour disputer le grand cross local mais y court superbement, n’étant dominé que par un certain Fairplay qui lui, enlève le grand cross par le plus court des nez. La victoire était pourtant à portée de main sans cette énorme faute au passage de route. Mais bon, c’est le meilleur qui gagne et Imposant rentre alors dans le cercle des tous meilleurs chevaux de cross, comme en témoigne sa victoire la même année dans la première édition de l’Anjou Loire Challenge. Le meeting palois suivant rien ne semble pouvoir l’arrêter. Les victoires faciles dans les préparatoires s’enchaînent et cela semble annoncer le sacre dans le prix Gaston de Bataille. La course semble en effet largement à sa portée mais à la surprise générale (il avait ouvert à la cote de 1/10) il se trompe dans ses foulées et chute au dernier passage des fromages à huit-cents mètres de l’arrivée alors que la course semblait être à sa merci.
Le sacre
de l’Anjou Loire challenge
L’Anjou Loire Challenge au Lion-d’Angers est l’épreuve la plus longue au monde, un cross sur 7.300 mètres qui voit le jour en 2005. Difficile de croire que sur une si longue distance on puisse "le faire" de bout en bout. Les paris sont ouverts pour cette première édition sur cette distance. Parti devant sur un bon rythme, Imposant est gêné par un cheval en liberté et rétrograde à la dernière position, son jockey évitant même de peu la dérobade. C’est avec un grand sang-froid que son fidèle David Berra va regagner progressivement du terrain avant de reprendre le commandement pour ne plus jamais le quitter. Il s’impose avec un réel brio battant de bons spécialistes de la discipline dont son frère utérin Galapagos qui termine deuxième. Le cheval gagne enfin son premier grand cross et tant qu’à faire il choisit l’épreuve de cross la mieux dotée (50.000 € au vainqueur).
Beaucoup de pression pour la deuxième édition en 2006, le cheval reste sur sa chute du grand cross de Pau et doit défendre son titre contre des adversaires bien décidés à le faire tomber. Son entraîneur a joué la carte de la fraîcheur en ne l’ayant pas fait recourir depuis sa mésaventure paloise ce qui laisse quelques espoirs à ses adversaires du jour. Mais de course il n’y en a pas eu, tant Imposant domine la situation de la tête et des épaules en imposant son train. Il ne laisse personne prendre le commandement et use ainsi tous ses rivaux qui rendent les armes les uns après les autres. C’est en grand champion qu’il l’emporte de 15 longueurs pour ce qui sera sa septième et dernière victoire. Cette brillante démonstration laisse envisager un avenir radieux pour Imposant et Philippe Peltier décide de le garder pour le grand cross de Pau 2007, la course qui se refuse à son champion. Mais la suite vous la connaissez et Imposant ne gagnera jamais cette course.
Voilà, l'heure de la retraite a sonné, tu pars la tête haute, en bonne santé et c’est le principal. Peut être que l’on te reverra sur un hippodrome mais cette fois tu montreras le chemin à tes successeurs.