A l'heure où
Or Noir de Somoza et
Mid Dancer éclaboussent Auteuil de leur gloire, un cheval attend son heure. Du haut de son mètre soixante, il toise d'un air vindicatif ces monstres sacrés qui font la une des journaux hippiques. Ce petit cheval, c'est
Hercule Noir. Un nom un peu ridicule pour un guerrier comme lui, un nom dénué de classe, mais qui ne fait pas tout. La preuve,
Hercule Noir fait partie de l'élite. On en parle peu car quelques cracks surmédiatisés lui font de l'ombre. Mais il est là, toujours plus combatif, toujours plus courageux d'une année à l'autre.
Huit ans ont passé depuis sa naissance dans un modeste haras de la Sarthe.
Hercule Noir est assez bien né, bien que son père ne soit pas très illustre. Malheureusement, trop peu de gens le voient tel qu'il est. Pour le commun des mortels, ce cheval sera tout juste bon à gagner tant bien que mal sa vie sur les champs de province. Trop petit, décrète-t-on. L'exemple d'
Al Capone II, entre autres, n'aura visiblement pas suffi à faire admettre aux gens que la taille ne fait pas forcément la performance.
Jean-Marc Baudrelle, son propriétaire, décide tout de même de l'entraîner lui-même avant de le vendre. Le "petit noir" s'avère n'être pas si mauvais qu'on le pensait. Après avoir gagné à Auteuil, il courra son premier groupe, le
Congress dont il finira quatrième. Pas si mal, mais son entraîneur est déçu. Le cheval passe alors entre les mains de Yannick Fouin, jeune entraîneur doué dont on commence à murmurer le nom.
La suite, tout le monde la connaît. L'équipe connaîtra des hauts et des bas, mais le petit cheval dénigré par le monde des courses lui apportera de grandes joies. Et aussi de grosses frayeurs... Tombé au rail-ditch dans le
Prix Georges Courtois 2005, le gagnant des
Drags paraît démoralisé. Mais grâce à la confiance de son entourage, il parviendra à remonter la pente et, s'il n'a pas regagné depuis deux ans, il ne devrait pas tarder à renouer avec la victoire. Le poteau lui tend les bras, mais
Hercule Noir tombe toujours sur un os, quand il ne joue pas de malchance. Bousculé par
Zarkali à l'avant-dernière haie dans le
Prix Ingré, le courageux pur-sang réussira malgré cela à lui arracher le premier accessit. Et ce suite à sa remarquable performance dans le
Prix Troytown, où il avait failli vaincre
Mid Dancer.
Oui,
Hercule Noir est décidément un cheval d'exception. Il n'a peut-être rien d'un crack physiquement, mais il a deux coeurs. Et c'est cela qui le rend plus attachant que les rouleaux compresseurs qui écrasent systématiquement leurs adversaires de leur grand braquet. Parce qu'il arrive, à force de générosité, à rivaliser avec les meilleurs malgré son physique ingrat. Et c'est pour ça qu'on l'aime.